Açores ou Cap Vert ?
Demain, à 16 heures (heure française), les 75 concurrents de la Transquadra Madère Martinique s’élanceront sur leur 2e étape, celle de la grande traversée… Pour nombre d’entre eux c’est une première impressionnante. Pour tous, un défi envoutant. A 24h de ce coup d’envoi, les 128 marins ont encore un dernier détail à régler : trancher entre une route vers les Açores ou… le Cap Vert !
Des mois qu’ils y pensent et ça y est : ils y sont presque. Après quelques jours de reconnexion avec leur bateau et leurs camarades de course, plus qu’un dernier dodo et ce sera le grand saut !
Vous avez dit bizarre…
Parmi les mille et un sujets qui ont accaparé les coureurs de la Transquadra Madère Martinique lors de ces derniers préparatifs, la météo y a tenu une place non négligeable. Comme toujours me direz-vous ? … Un peu plus que d’habitude vous répondraient les quadrasailors ! « La situation est bizarre, inattendue : est-ce qu’on va suivre l’inattendu, ou est-ce que l’on va aller dans le classique ? » résume Jean Passini, skipper du JPK 1010 SNA Numerobis.
Une dépression, très sud, va générer une grosse zone sans vent située pile sur la route des Antilles. Et ce phénomène météo se comporte un peu comme un mini pot au noir : il monte, descend, gonfle, dégonfle… jouant avec les nerfs de stratèges depuis plusieurs jours.
« Ça bouge tout le temps, ça va partir au nord, au sud, peut-être tout droit aussi… on va bien voir », annonce Olivier Guillerot co-skipper de Bruno Marteen (Shamrock V)
Il faudra être radical
Ce qui semble sûr, en revanche, c’est la radicalité des options que les coureurs vont devoir prendre : ce sera très nord ou très sud et très vite après le départ de Funchal.
Sur la route des Açores, l’objectif serait d’aller chercher cette fameuse dépression et sa météo automnale. Tandis que les partisans d’un plongeon vers le Cap Vert iront à la pêche aux alizés, son soleil et ses brises portantes…
Bref, à l’instar de la première étape, le jeu s’annonce très, très, ouvert.
Cédric Pouligny, coach du groupe Team Transquadra de La Rochelle : « La situation n’est pas très habituelle même si c’est un schéma déjà vu notamment lors de la dernière Transat Jacques Vabre : une dépression, très sud, crée une rupture d’alizés. Dès lundi ou mardi, elle va se creuser et aspirer les alizés. Les grandes glissades sous spi ne sont donc pas pour tout de suite ! Les routages sont encore à affiner, mais ce qui est sûr c’est qu’il va falloir optionner car, sur la route directe, il n’y a pas de vent.
Et puis, avant cela, au moment du départ, il va falloir gérer le dévent de Madère, ce qui n’est pas anodin… »
Chacun ses quêtes
Chacun ira donc chercher ce qui correspond à ses objectifs de transat : ceux qui joue la performance n’hésiteront pas à affronter des conditions météo compliquées voire peu confortables. Les critères de choix des marins en quête d’aventure et de plaisir alizéens seront tout autres.
Rendez-vous demain, à partir de 16h, heure française, pour suivre ces prises de décision dès les premiers milles de cette 2e étape de la Transquadra Madère Martine entre Funchal et Le Marin !
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Faire des choix et s’y tenir
Erwann Ludot et Brice Villon (Sun Fast 3200 Belle Etoile)
« Il va falloir choisir entre le Cap Vert et les Açores ! Je préfère ça que d’envoyer le spi 2h après le départ et de l’affaler aux Antilles. Mais j’aimerais bien aussi avoir des alizés, c’est un peu pour ça qu’on est venus !
On travaille la stratégie avec Lorient Grand Large et Christian Dumard, on regarde tous les jours, on a une réunion avec lui vendredi pour éliminer des scenarii et samedi matin pour affiner et il y a de fortes chances que nous suivions ses préconisations. »
Dominique Sarrazin et David Picamoles (Sun Fast 3200 Vega)
« Il va falloir prendre une décision et s’y tenir ! Quand on a fait un choix, on l’assume et on le respecte.
Pour résumer, ce sera soit une course baston, mouillée, vent de face pour commencer soit on se fait la course que l’on est venus chercher avec des surfs, du soleil, avec le risque de tomber dans une bulle au début mais l’espoir de dérouler ensuite sous le soleil et sous spi.
Statistiquement, beaucoup de victoires se sont jouées sur des options sud… Et puis, nous ne sommes pas méditerranéens pour rien ! »
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Vainqueurs outsiders de la 1ere étape, ils abordent cette 2e étape avec parfois un peu plus de pression qu’ils ne l’auraient voulu et sous le regard désormais attentif de leurs camarades de jeu !
Arnaud Vuillemin (JPK 1010 Jubilations Corses), vainqueur en solitaire Atlantique :
« Cinq mois sans mon bateau ? Je suis complètement perdu (rires) ! Il faut se réhabituer… Ça va revenir vite !
J’essaie de ne pas trop me mettre de pression, mais, inévitablement, ça monte. Sur la première étape je m’étais dit que si je faisais une bonne place c’était bien, je ne pensais pas être premier.
Là, je me dis qu’il y a peut-être moyen de rester en tête, mais il faut rester lucide : je n’ai pas une carène aussi planante que d’autres. Ce n’est pas joué d’avance, mais on va essayer…
Le schéma météo change tous les jours… tout est ouvert : je peux faire quelque chose, je peux me planter complètement. On verra bien ! »
Jean Passini et Dominique Dubeau (JPK 1010 SNA Numerobis), vainqueurs en double Atlantique
« On a hâte d’y aller ! Notre victoire sur la première étape nous met un peu de pression, mais, c’est notre première transat : nous l’abordons avec humilité. Il faut d’abord traverser, naviguer proprement, choisir des options correctes et puis on verra.
Les écarts au classement sont infimes de toute façon. Ça ne s’est pas joué à grand-chose sur la 1ere étape.
Notre première étape est surtout encourageante. Ça prouve qu’on est capables. Il faut maintenant que nous fassions les bons choix, mais il faut déjà que nous traversions ! Qu’on ait le sentiment de faire vraiment le mieux possible.
Les gens ne nous connaissaient pas, nous ne naviguions pas sur ce circuit-là. On les a connus à la Trinité-sur-mer, après on a gagné la 45.5… donc oui, leur regard a changé mais c’est bienveillant et sportif. »
Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Figaro 2 Shamrock V), vainqueurs en double Méditerranée
« Ça a été difficile de se passer de notre bateau, mais on a quand même réussi à participer à la SNIM et à naviguer sur une manche du challenge Florence Arthaud à Marseille, à chaque fois en Figaro 2 pour ne pas perdre nos repères.
Le regard des autres concurrents a clairement changé ! Quelques personnes sont venues voir le bateau… Mais notre objectif reste inchangé : se faire plaisir et arriver de l’autre côté !
Et il va falloir bien gérer la météo : ça s’annonce compliqué. Ça évolue beaucoup… Nous nous calerons par rapport à notre propre stratégie à nous, à notre bateau.
En tous cas, on est vraiment contents d’être là ! »
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Tout notre soutien à Philippe Postel
Tout notre soutien à Philippe Postel co-skipper d’Eric Soubier (A35 R Asap), victime d’une chute lors de la préparation de leur bateau, il s’est cassé le bassin. Il est pour le moment hospitalisé à Funchal.
Eric Soubier fera équipe avec Philippe Angaud ex co-skipper de Benoit Olivier-Blais (skipper du Sun Fast 3200 Ad-Hoc qui a déclaré forfait il y a quelques jours) : un duo Méditerranéo-Atlantique pour cette 2e étape !