Arrivées du matin, pas chagrin du tout !
Ils sont épuisés, impressionnés, voire sonnés encore, par les grains qu’ils ont dû négocier ces derniers jours. Des grains de plus en plus violents et soudains près des îles. Mais les yeux pétillent dès que les copains et les proches approchent. Il y a les camarades de transat, bien sûrs : un regard suffit : ils ont vécu les mêmes frayeurs, les mêmes doutes, les mêmes plaisirs. Et la famille, les mais qui ont vécu et suivi cette transat à leur façon. Viennent enfin les mains et les regards qui se retrouvent… Ne maquent plus qu’un croissant, un rhum et c’est la bascule côté terre. Une page se tourne, le large s’éloigne : il devient souvenirs et se partage…
Premiers mots
Gérard Quenot et Jérôme Apolda (Blue Skies) : une transat super intéressante !
3e double Atlantique en temps réel
« C’est la première fois que nous avions à appréhender une route nord avec des contournement de dépression par le nord. Nous avons donc mal évalué le phénomène et on s’est retrouvé dans l’œil de la dépression, là où il n’y a pas de vent. Nous sommes restés 6h tanqués… On était pas mal jusque-là.
Mais du coup le côté stratégique de cette transat a créé une belle émulation : on ne s’est vraiment pas ennuyé et c’était super intéressant ! Entre la captation des fichiers, l’analyse, la prise de décision, les réglages, les manœuvres, les petites réparations, le repos bien sûr… On n’a jamais eu de temps mort !
Les grains étaient particuliers : ils ne payaient pas de mine à priori et c’était hyper violent et hyper soudain. Une fois que tu es embarqué dedans, tu n’as plus qu’à tenir et espérer que ça tienne ! »
Éric Guigné et Tangi Caron (Ose) : une mer vraiment impressionnante
5e double Atlantique en temps réel
« C’était ma première transat, pour un bizuth, c’était costaud comme conditions ! Certaines vagues, je suis sûre que j’aurais pu les descendre en snow tellement elles étaient énormes.
Heureusement que l’on étaient deux barreurs, on a pu se relayer : quand c’était chaud on se relayait toutes les 1/2h à la barre. Tu sortais de là vidé tellement il fallait de concentration à la barre pour ne pas faire de sortie de route.
La première dépression, 2 jours après le départ nous a cueilli à froid ! On a revu nos objectifs de performance à la baisse, on a levé le pied. La route nord était vraiment dure pour les bonhommes, pour les bateaux, il fallait envoyer beaucoup de toile… On voulait traverser…
En sortie de la première dépression on était 12e, on termine 5e en réel, on est contents !
On était très complémentaires avec Éric : c’était une belle rencontre et une belle histoire !
Envie de repartir ? le plus dur c’est de le caler dans les agendas familiaux et professionnels mais c’est bien de lever les barrières et de se donner les moyens de le faire ! »
Jean-François Hamon (Festa Pour Aster) : la plus dure de toute mes Transquadra
4e solitaire en temps réel
« C’est ma 4e Transquadra, c’était de loin la plus de dure ! On est allé très chercher très haut pour éviter des zones de pétole. Je suis passé à 120 milles des Açores. Mais je suis tombé en panne d’informatique, je me suis fait « embuller » 36h et après pour rattraper, la seule solution c’est de mettre du charbon. Je suis éreinté.
Ça a été très très compliqué : on a eu deux grosses dépressions et après des grains, des grains… La pire des nuits c’était la dernière ! Des grains, des rafales à 40 nœuds : full speed en solo, c’est chaud !
Mais je ne regrette pas ! C’était une super course ! Super ambiance ! Je ne sais pas si je reviendrai : 4 il faut s’arrêter un jour…
Je suis cuit. Les solitaires quand on est sous spi, s’il y a du vent : il faut barrer. Mais quand je suis vraiment fatigué j’y vais pour 1/4h, 1/2h. J’ai bien géré le sommeil.
Je me suis fait plaisir mais c’était dur, vraiment dur. Notamment la dernière nuit. C’était crevant et stressant.
Je n’ai rien cassé, sauf le bonhomme un peu… !
Je cherchais un podium, je suis 4e en réel, on verra en temps compensé ce que ça donne mais l’important c’est de participer ! »
Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses) : C’est une expérience énorme.
5e solitaire en temps réel
« Difficile de raconter 15 jours de course… surtout ceux-là ! C’est long… La dernière fois, c’était les alizés : on avait eu le temps de manger, de dormir. Là c’était l’Atlantique Nord pendant près de la moitié du temps. Que du portant mais des conditions dures, du vent tout le temps. `
Il n’y a jamais eu de temps mort. C’était dur.
Mais ça reste un grand plaisir de se retrouver seul au milieu de l’Atlantique. C’est une expérience énorme. C’est ma première transat en solitaire. Peut-être la dernière ?
C’est long 15 jours, seul… On n’arrête pas. C’est très dur.
Mais c’est aussi une compétition, donc effectivement j’étais dans mes calculs de temps compensé. J’étais en tête à la première étape, je visais un podium au moins. Je crois que c’est bon… pour l’étape et le général ?
Hier soir après ces calculs je me suis dit c’est bon, je vais me coucher et là… je me suis fait réveiller par le bateau couché, en vrac, les voiles qui battent, le tangon décroché. Je le remets à plat, il repart au loff : une cata ! Obligé de couper la drisse de spi, j’ai pu tout récupérer mais ça a été une grosse frayeur… Il y en a eu plusieurs.
Je ne sais pas si je repartirais… c’est long 15 jours. Ou alors en duo, avec Alicia, pour le plaisir d’une transat en couple ? »