Compétition et aventure : un mijoté de plaisirs et d’émotions
Elle a décidément tout pour plaire la Transquadra Madère Martinique ! C’est une course, une vraie, avec une véritable régate océanique qui s’est jouée sur la 1ère comme la 2e étape. C’est une épreuve technique, particulièrement, sur cette édition, entre Funchal et Le Marin, avec des conditions de mer très dures.
C’est enfin un moment de vie exceptionnel : « Je conseille à tout le monde de faire la Transquadra ! Chaque défi relevé est un bonheur en soi », souriait le duo de Team NRP à son arrivée. Il y a 3 ans, ils ne savaient pas faire de bateau. Avant-hier, ils ont bouclé leur transat heureux et ébahis d’avoir relevé ce défi.
A la fois compétition et aventure complète, ce rendez-vous des marins amateurs de plus de 40 ans est un véritable mijoté d’émotions et de plaisirs qui se prépare longtemps à l’avance, avec passion, pour être dégusté et partagé sans modération avec ses compagnons de traversée et ses proches. Ce fut particulièrement vrai sur cette édition 2024 – 2025.
Bilan sportif : de belles bagarres derrière Alex…
Qu’ils viennent pour faire un résultat sportif ou pas, une fois en mer, les concurrents de la Transquadra Madère Martinique sont clairement là pour aller plus vite que leurs copains. A ce jeu-là, Alex Ozon (Team 2 Choc) est une fois encore sorti du lot : 3 Transquadra et 3 victoires. Quel que soit son bateau et les situations météo, il sait aller vite, très vite, et au bon endroit. Avec ses 12j 18h 31min de course, il termine 1j 15h devant son dauphin Philippe Benaben (Platypus), 14h devant le premier duo (Nabla 2 d’Emeric de Vigan et Bernard Mallaret) et il bat son propre record de 2018 de 17h !
Jean-Noël Tourin, président de la Transquadra : « il y a eu de très belles bagarres (même si Alexandre Ozon (Team 2 Choc) a pulvérisé tout le monde) à tous les niveaux de la flotte. Jusque dans les derniers milles avant l’arrivée, ça se bagarrait, même après 16 ou 17 jours de course, même entre solo et double. Comme ces 2 Pogo 30 qui ont fait un finish en mode match-race dans la baie du Marin, pour le plaisir de la régate ! C’est révélateur de la combativité des concurrents. »
Même constat chez les croiseurs avec, notamment, le match entre les 2 First 31.7 de Jean-Yves Bonsergent et Ann-Pascale Roelandts en solitaire et le duel entre les Britanniques d’Azora et Vega Prima, en double, qui n’ont jamais eu plus de 10 milles entre eux de toute les transat !
Peu de stratégie, beaucoup de technique
Conséquence directe des conditions alizéennes de cette année : « La situation météo était telle qu’il n’y avait pas d’option stratégique. Descendre au sud ne servait à rien. C’était un peu le petit train. Les skippers les plus aguerris dans ces conditions toniques ont creusé l’écart », analyse le Président de la Transquadra.
Bilan technique : beaucoup de casse après le top 5
Dans des alizés très perturbés, ponctués de grains quotidiens de plus en plus violents, associés à une mer croisée et dure, cette 2e étape a fait des dégâts matériels et humains.
Jean-Noël Tourin : « L’alizé était puissant, la mer est restée croisée et dure : il était difficile de stabiliser les bateaux. Les départs au tas ont été nombreux, les pilotes n’étant pas forcément toujours assez réactifs pour les éviter. Et quand il y a un vrac, il y a souvent de la casse : tangons, spis mais aussi des pilotes automatiques et ferrures de safran… »
Les marins aussi ont souffert, on pense notamment bien sûr à Philippe Desneiges (Netra Leuskel), victime d’une violente chute dans un départ au tas dès le 4e jour de course. Blessé à la hanche et au bras, il ne pouvait plus marcher ni manœuvrer, il a quand même réussi à finir sa course, en 10e position…
Le duo de Logoden (Éric Tilly et Ronan Morvan) a traversé sans pilote automatique… Le solitaire Hugues le Cardinal (Mascarpone), était 5e lorsqu’un seul « vrac » met HS ses 2 pilotes et un de ses safrans… il a réussi à terminer, avec le sourire !
Et le malheureux abandon de l’Ace 30 « Wabi » : ses safrans cassés, il n’était plus manœuvrant, rester à bord devenait dangereux. L’équipage a été récupéré par le duo de Logoden.
Bizuths ou pas, avaries ou pas : l’immense bonheur de l’avoir fait !
Expérimentés ou pas, les concurrents se sont adaptés, ils ont appris et composé avec les variations du vent sous les grains, les « 3 houles en même temps » et « les pentes pentaculaires des vagues ». Et ils se sont fait plaisir !
Jean-Noël Tourin : « Tout le monde avait la banane à l’arrivée ! Même ceux qui en ont bavé avec des problèmes de pilote et autres avaries compliquées. Ils étaient heureux ! C’était magnifique à voir. Ceci dit, c’est assez naturel d’avoir une belle explosion de joie à l’arrivée d’une transat. Après 2 semaines de course, tu arrives de l’autre côté de l’Atlantique, aux Antilles : tu te dis ça y est, je l’ai fait ! C’est magique ! On oublie vite les mauvais moments.
Je me souviens de mes arrivées de Transquadra devant le village de Sainte Anne avec le soleil derrière : ça vaut tous les plaisirs ! »
Une vraie belle ambiance, beaucoup d’entraide et de bienveillance
S’il y a bien une constante sur la Transquadra, c’est l’ambiance entre les concurrents.
‘’Concurrents’’ n’est d’ailleurs doute pas le terme ad-hoc, pour ces marins qui, d’un seul regard, se comprennent et partagent bien plus qu’avec 1000 mots auprès des terriens.
Au-delà de cette complicité de ‘’ceux qui l’ont fait’’, il y a une bienveillance et une entraide évidente entre eux. Ce fut d’autant plus flagrant cette année par le biais des nouveaux moyens de communication désormais disponibles : la moindre avarie dévoilée sur le groupe WhatsApp des coureurs et les messages de soutien fusaient, l’entraide aussi.
« Ce qui remarquable aussi, c’est qu’il n’y a pas la moindre frontière entre Croiseur et Performance : tout le monde est venu féliciter les arrivants avec la même empathie quelle que soit sa catégorie. Et ils refont le match de la même façon.
Il y a vraiment eu une très bonne ambiance sur l’eau comme à terre. Ça a été très marquant sur cette édition ! », souligne Jean-Noël Tourin.
Rendez-vous dans 3 ans !
Le rideau va bientôt tomber sur cette édition 2024 – 2025 de la Transquadra Madère Martinique. Elle a ouvert pour la première fois ses rangs aux croiseurs, avec succès. Elle a été pour la première fois accueillie par la ville de La Turballe, avec bonheur !
Des nouveautés sont en gestation, comme toujours, depuis la création de la Transquadra il y a 32 ans…
« Cette première pour la catégorie Croiseur a eu de très bons échos de la part des concurrents eux-mêmes. Cela devrait donner envie à ceux qui hésite encore.
D’autres évolutions sont en réflexion, il faut savoir se renouveler. Et nous sommes également à l’écoute des retours des concurrents ! », conclut le président.
Merci à La Turballe, Marseille et La Nautique, Funchal et Madère, au Comité Martiniquais du Tourisme et l'Office Intercommunal du Tourisme Sud Martinique et à la Marina du Marin pour leur accueil !
Un immense merci aux villes étapes de cette édition qui ont, une fois encore, reçu les coureurs et la course avec chaleur et convivialité. Ce premier départ de La Turballe fut particulièrement réussi, celui de La Nautique à Marseille comme toujours parfaitement organisé. Quant aux escales madériennes et martiniquaises, elles sont toujours aussi enchanteresses !
Côté classement
Tous les classements sont à retrouver ici.
Flotte Atlantique
Solitaire Performance : 1er Alexandre Ozon (Team 2 Choc) Bepox 990
Double Performance : 1er Eric Guigné/Tangi Caron (OSE) JPK 10.30
Solitaire Croiseur : 1er Jean-Yves Bonsergent (Obane) First 31.7
Double Croiseur : 1er Pascal Pic et Philippe Berquin (Vega Prima) Gib’Sea 414
Flotte Méditerranée
Double Performance : 1er Laurent Buissart et Mathieu Margoux (H plus) Pogo 30
Double Croiseur : 1er Emmanuel Ungaran et Nicolas Peyron (Chaac) RM 1070