En direct de la mer du nord...
Ambiance mer du Nord sur la Transquadra : 20… 30… 40 nœuds, pluie et cirés. Les marins racontent.
Antoine et Julien Lacombe (Bidibulle)
- "Julien, ça va être à toi... Julien ? Julien, ça va être à toi".
- " oui, oui.... Ok"
- " il est 2h, le vent est un peu monter, il faut changer de spi. Pas d'urgence"
C'est à ce moment qu'on se rappelle ce qu'on fait là ! Dur dur d'aligner suffisamment de neurones pour sortir du sommeil profond dans lequel j'étais depuis minuit. Ah, oui, c'est mon quart, faut que je percute. Et zut, le vent qui est encore monté, faut manœuvrer en pleine nuit noire.
Allez, hop, go. Trouver la frontale, s'extirper de la couchette, mettre les bottes, ranger mon oreiller, laisser la couverture polaire pour Antoine, se lever sans se casser la gueule ni glisser sur le sol mouillé. Voilà ! Stabilisé, ou presque car Bidibulle fait des sauts de moutons, donc se stabiliser à nouveau avec les mains. Voilà, stable. Attraper le pantalon de ciré, l'enfiler debout sans se vautrer. Se rétablir de justesse au moment de passer la seconde jambe alors qu'une vague me projette sur la table du carré. Voilà, done. Attraper le gros pull et le ciré lourd, bien écarter les jambes et se caler les fesses contre l'évier pour enfiler tout ça, c'est bon. Plus que le harnais, les gants, le bonnet et voilà, c'est tout bon, je suis prêt.
Antoine est déjà dehors en train de préparer le changement de spi. J'accroche ma longe à la ligne de vie avant même de mettre un pied dehors. Antoine rappelle la manœuvre. Il faut vraiment que je percute, ça va pas le faire sinon. On affale le spi, on range, on hisse le nouveau spi, on range, on règle DD le pilote, on vérifie que Bidibulle est content et qu'il marche comme il faut et on redescend dans la cabine.
- " alors, j'ai pris des fichiers météo, j'ai fait un routage pour nous et un pour Hathor pour voir s'ils passent au sud."
- " Alors, résultats ?"
- " alors, ils passent, ils remontent vers nous pour passer au-dessus de la dépression, on devrait se retrouver juste au-dessus. Ça va être chaud, il y aura très peu d'écart."
- " dommage, j'espérais qu'on leur mette un caramel."
Antoine : " côté électricité, encore 1h avant de démarrer le moteur, cap toujours au 245, essaie de glisser au max pour faire du VMG, il faudrait afficher le cap géographique pour éviter de calculer la déclinaison à chaque fois, c'est réparable le rail du chariot de GV?
- " oui, ça devrait le faire"
Aïe, là je ne suis toujours pas assez réveillé pour ingurgiter toutes ces info. Je vais gérer le cap et le moteur, le reste, on verra demain.
Alors Antoine me passe la télécommande de DD le pilote ce qui signifie automatiquement que je suis en charge du bateau. Faut vraiment que je percute maintenant. Je jette un œil dehors, sur le voltmètre, sur le cap, la vitesse, le bateau qu'on devrait croiser dans 25mn,... Mon cerveau se met en branle pour prendre réellement en charge Bidibulle. C'est reparti.
Antoine fait le déshabillage inverse de ce que j'ai fait il y a 15mn, et disparaît dans la couchette.
- " a plus !"
Il y a plus qu'à gérer jusqu'à 4h pour refiler la télécommande à Antoine et retourner me coucher.
Bonne nuit à tous
Julien
Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute)
Ambiance mer du Nord au milieu de l'atlantique
Chers amis bonjour,
Hier nous nous racontions de belles histoires en fin d'après-midi entre ennemis voisins : ça y allait des "je vais te couler" et autres gentillesses.
Au milieu de la nuit tout est rentré dans l'ordre : les spis asymétriques ont été remplacés par des focs, et pour un bon bout de temps ...
Chacun est retourné dans sa tanière et il ne fait pas bon pointer son nez dehors.
Le pilote faisant bien son boulot, on ne s'est pas privé de rester à l'abri.
Chaque sortie est largement arrosée et nos cirés ne nous lâchent plus.
Patrick veille au grain et inspecte régulièrement tous les points d'usure pour arriver entier en Martinique.
9 jours à venir à ce tarif fatiguent bel et bien voiles et bouts du bord.
Que vois-je : une traversée de soleil au milieu de cette grisitude - mais c'est très jolie (volontairement au féminin).
Aujourd'hui ce ne sera pas moins de 25 nœuds en permanence. Nous sommes juste assez abattus (ie nous naviguons assez loin du lit du vent) pour que les mouvements ne soient pas trop désagréables.
On n'est pas vraiment sur la route peace & love des caraïbes, mais on espère avoir de temps en temps des consolations de soleil sur notre arche de Noé.
Ça va être l'heure de votre poulet dominical : bon appétit.
A demain. P&G
Pascal Bernebe et Eric Chalaux (Pour Aster Bretagne)
Délire de route Nord
Aujourd’hui, c’est décidé
L’alizé, c’est épuisant
Chaleur, grains tropicaux,
navigation en short, chapeau, lunettes
Nous nous détournons vers Cancale
À moins que quelques jaloux aient décidé
De détourner notre Transquadra
Qui sait !
Qui pourrait nous le dire?
Ou alors, un apprenti magicien météorologue
Jouant avec les dépressions un dimanche après-midi d’ennui
Personne ne le saura jamais
Autant dire que nous l’avons décidé
Cette escapade en Manche
De « Pour ASTER Bretagne »
Pascal et Éric
Pascal et Eric (suite)
Depuis 24 heures on peut se poser la question. Ciel gris, mer grise, grande houle, et on se fait rincer à chaque manœuvre. Dedans c'est un peu comme un shaker dans lequel tout est moite, surtout quand on y rentre un code 5 de 70 m2 qui vient de séjourner 40 minutes sous le bateau à la suite d’un affalage trop tardif, et grogui par la fatigue.
6h30 TU+1 , milieu de nuit ici, tout va bien, vent 25 à 32 nœuds GV haute et spi asymétrique, le pilote bien paramétré par Pascal qui nous permet de tenir un rythme de locomotive, avec des pointes à 16,9 nœuds dans la nuit noire, et de rattraper les copains échappés dans les calmes de l'avant-veille.
Sauf que, le vent montant, il fallait affaler...
Sauf qu'une claque à 32 nœuds vient pimenter la manœuvre, et la drisse descend trop vite, me voyant soulevé par la voile, arraché je précise, donc spi à plat sur l’eau...et voilà les deux Arcachonnais penchants l'épargnant à la jetée Thiers un jour de tempête. Pêche qui se termine bien avec un spi entier après 40 minutes d'ancre flottante à batailler pour pouvoir lâcher la drisse et ramasser le précieux tissu parce l'armure ! Et nous voilà reparti sous GV et soient, laissant un bonus aux copains !
Voilà ces conditions irlandaises salées qui réussissent aux nordistes Foggy Dew et Zéphyrin qui excellent, dans ces conditions.
Baisers salés aux poches !
Éric et Pascal de " Pour ASTRER BRETAGNE "
Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses)
Ce matin, Le vent est revenu, je suis sous grand spi lourd, le vent souffle bien, c'est confortable.
On peut s'occuper de soi et du bateau.
Il n'y a pas de soleil, on s'approche de la dépression, on le sent !! Le vent fraîchit progressivement et la mer se forme.
Pour les panneaux solaires, c'est rappé, je recharge les batteries grâce à la pile à combustible, mais ça ne compense pas la dépense électrique (le pilote travaille fort). Alors j'utilise le moteur, à faible régime pour recharger. Mais il y a un problème, ça charge peu où de manière intermittente. Je suis bon pour une partie de mécano moteur !! Dur dur quand on marche à la voile !! Alors diagnostic : le moteur tourne bien, l'alternateur a l'air de tourner. Mais je vois des poussières fines autour de la courroie. Il se peut que la courroie soit détendue et glisse ? Ok, j’arrête le moteur, sors la caisse à outils et retente de la courroie. Remise en route... Ça charge !! ouf !! je me voyais sans moteur, à barrer pour économiser l'électricité... c'est bon je peux retourner à mes occupations et laisser le pilote travailler.
L'après-midi, ça monte, la nuit approche, je préfère mettre le petit spi, ils annoncent baston (front de la dépression), je préfère changer de voile le jour. Le changement de voile est un peu laborieux, je vois que la fatigue joue et je fais des erreurs. Rien de grave, mais la manœuvre doit être recommencée, c'est long, je perds du temps.
Ça monte encore, l'association mer et vent rendent le bateau peu tenable. Je fais plusieurs départs au lof, j’avoue, j'ai peur de tout casser au milieu de l’Atlantique. J’affale le spi contre le Solent... C’est beaucoup plus tenable, mais du coup beaucoup plus confortable !! je vais pouvoir dormir cette nuit !! je perds un en vitesse, mais la sécurité à un coût !!
La nuit c'est la baston dehors, rafale a 30nds et surtout très grosse mer. Je me sens bizarrement bien dans mon cocon protecteur. Heureusement pas de mal de mer !! ça bouge, mais je bouquine malgré l'essoreuse. Des vagues balaient le pont en permanence...
ce soir c'est Hachi Parmentier...
Olivier Lunven (Pour Ferdinand) : enfermé dans le bateau
On m’avait dit que le dimanche était jour de repos. J’imaginais que sur la TSQ cela signifiait alizés 15 - 20 nœuds, mer bien ordonnée, grand soleil le tout accompagné d’un morceau de Dire Straits à fond dans le cockpit. Et bien il n’en n’est rien.
Aujourd’hui c’est vent fort 25 3- 0 nœuds et encore j’ai été tiré de ma bannette précipitamment par un grain à 40 nœuds, mer agitée voir très agitée ciel gris voir très gris accompagné de pluies.
Bref, je suis enfermé dans le bateau à attendre que cela se passe. En fait je peux même me reposer, à oui c’est vrai on est dimanche !
Alors bon dimanche à tous
Olivier Lunven
Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute)
Coucou tout le monde,
12h30 mais je ne vous ai pas oubliés : c'est que cette nuit on a mis du charbon - on a la gueule toute noire ce matin.
Or donc la journée d'hier fut fort belle et ensoleillée, de la gentille glisse à vitesse modérée.
Les tentatives de Patrick pour défrayer la chronique de la course en ramenant un thon à bord ont toutes été ratées : il est franchement triste d'être déçu. Je dois vous l'avouer avec de terribles remords : je suis aussi franchement déçu d'être triste rapport à notre classement. On a raté un trou de souris qui était fait pour nous, rapport à notre petite taille. Si vous comparez les routes de L'Indien et la nôtre vous allez comprendre : il nous a mis 80 miles dans la vue en 2 jours en traversant la molle la plus au nord. Je vous entends déjà me dire : ben Guillaume, quand on a le plus petit bateau avec un déficit de vitesse on ne va pas aller faire de la route ... on cherche des petits passages.
Et le pire c'est que l'on avait L'Indien en ligne de mire : il nous avait juste dépassé le dernier jour de la 1ère étape.
On avait prévu de le manger à la 2ème.
Bon, traverser les molles ça ne marche pas à tous les coups : le groupe de Sailgrib a fait une tentative foireuse 2 jours avant - ce n’est pas la peine d'aller consulter notre gourou Jean-Yves la veille du départ messieurs de la rochelle (certains comprendront ...).
Bon revenons à cette nuit : dès le début des petits grains pas méchants. On a choisi de se dévoiler par l'arrière (belle image, mais nous n'avons plus des fesses de 20 ans) : 1 ris, puis 2 ris dans la grand-voile avec le plus grand spi asymétrique avec l'amure sur tangon au vent.
ça a marché : nous avons été cette nuit les plus rapides des bateaux justes devant nous.
Visite prolongée d'un groupe de dauphins entourés de plancton phosphorescent à bonne allure : pure image ...
Il n'y a pas 2 manières de faire une course de vitesse au portant : on garde son spi. Facile à dire, mais faut avoir la pêche.
Justement c'est maintenant presque tout droit jusqu'en Martinique : 2 petits fronts passent sur cette prochaine période mais ne nous dérouteront que très peu. Donc on sait ce qui nous attend : c'est plutôt musclé et si on ne fatigue pas trop vite on peut en rattraper un petit paquet.
On a tout de même beaucoup de chance de pouvoir jouer aux jeunes.
Profitez bien de votre we.
Et à demain
P&G de Team BFR Marée Haute
Gérard Quenot et Jérôme Apolda (Blue Skies)
Le vent est bien revenu par l'Est et nous attaquons la route vers la dépression pour la contourner par le Nord et descendre enfin vers les Antilles.
La nuit dernière les 10-15 knt de vent synoptique étaient très agréables et doux jusqu'à l'arrivée de nuages sans pluie, résultat ils ont aspiré notre vent qui est tombé à 5-6 knt ! Impossible par ailleurs de s'écarter selon les conseils de notre coach météo JY Bernot car nos nuages avaient décidé de se déplacer en escadrille, comme les avions de chasse ou... les ennuis ! L'affaire nous a bien freiné pendant 2 longues heures...
Ensuite ce fut une vraie course de vitesse, avec une brise qui est montée progressivement à 24-26 knt à 140°, d'abord sous grand spi puis sous spi de brise. À ces allures, le bateau plane en permanence et le speedo s'affole : 12, 14, 16 nds... mais ça bouge beaucoup dans une mer désordonnée, on se croirait dans un shaker !
Ce soir le vent est encore monté d'un cran, et on a envoyé le spi asymétrique : ça va vite, mais c'est pire qu'une lance à incendie ! Les vagues balayent le pont en permanence et nos cirés sont mis à rude épreuve.
Cette nuit, on commence à lofer un peu pour se rapprocher du virage vers la Martinique, alors on a remplacé notre spi par le génois, histoire de pouvoir se reposer un peu, car sinon impossible de dormir.
Demain le vent devrait baisser et on pourra attaquer en toute sécurité.
À très vite !
Gérard & Jérôme