Frédéric Ponsenard (Coco) fait route vers les Canaries
Agité au Nord, plus calme au Sud, les quadrasailors sont peu bavards aujourd’hui. C’est bien normal. Il faut laisser le temps aux esprits comme aux organismes de prendre le rythme du large. Et la météo musclée de la route des Açores, avec une mer très formée et 20 à 30 nœuds depuis la nuit dernière requiert toute la vigilance des coureurs, surtout sous spi, où un dérapage peut vite arriver.
C’est malheureusement ce qui est survenu à bord de Coco, le Delher 30od de Frédéric Ponsenard, un fidèle de l’épreuve. Il est lui aussi contraint à l’abandon. Son pilote automatique aurait décroché, le bateau est parti au tas, déchirant Grand-Voile et voile d’avant… Il fait route vers les Canaries.
Mots du large du 31 janvier
Nuit agitée pour Bernard Mallaret et Denis Inantes sur Eurovoiles
« La tombée de la nuit s’annonce ventée : nous décidons d’envoyer le spi maxi lourd et de garder la GV haute. La mer se creuse, nous sommes pleine balle : entre 11 et 17 nœuds !
… avec plusieurs départs au lof assez violents.
Le pilote est top. On est juste là pour le régler le spi.
Au lever du jour, une grosse vague nous fait partir en travers : le tangon se décroche du mât… Le rail vient de s’arracher du mât…
On affale, mais le spi s’est enroulé autour de la balancine. Double punition.
Il nous faut une bonne heure pour tout démêler. On répare. On remet un chariot sur le petit bout de rail qui reste. Les billes sont parties… on en retrouve, on fait au plus vite.
Ça remarche.
On est un peu sous le coup…
On renvoie le plus petit des spis, l’A5.
Le vent n’est pas très fort (23 – 28 nds) mais la mer est forte et croisée.
On a un ris dans la GV, ça soulage l’étrave.
Là, tout va bien. On est pleine balle entre 11 et 16 nœuds.
On voudrait revenir sur les premiers mais il faut que l’on se calme si on ne veut pas abîmer le matériel. »
Choyer le matériel aussi pour Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute)
" Hier journée belle, ciel très gris que le soleil traversait suffisamment pour être en t-shirt, et vent modéré forcissant progressivement dans l'après-midi : c’était prévu, mais pas à ce point-là.
Donc affalage du grand spi (le seul spi symétrique du bord - il est important de le choyer) pour un spi sur galette et un ris dans la grand-voile,
C'était plutôt chaud (27 nœuds en moyenne avec une rafale max à 34 nœuds) mais cela nous a permis de nous refaire auprès de nos proches voisins.
Ce matin on en a un peu plein les bottes et on vient d'affaler le petit spi : on voudrait aussi conserver le mat jusqu'à l'arrivée.
La mer a bien grossi et le vent devrait forcir ce soir.
On va reprendre une météo fraîche, histoire de savoir comment prendre l'affaire.
Je vais faire un petit sieston pendant que les fichiers météo s'acheminent.
Bon vent à tous !"
Solitude au Sud pour Fédéric Nouel et Denis Lazat (Fondation de la mer)
« Tout va bien à bord de Fondation de la Mer, même si nous nous sentons parfois un peu seuls sur la route sud que nous avons décidé de suivre :
- Deux heures après le départ de Madère nous avions perdu de vu tous les autres bateaux de la course.
- Nous n'avons croisé aucun autre bateau : Zéro cargo.
- Pas de copains dauphins. Ou sont cachés les cétacés ?
Nous sommes toujours sous notre grand spi bleu ciel et, après une première nuit un peu tonique où nous marchions souvent aux alentours de 10 nœuds, nous avons bien ralenti. C'était prévu, espérons que cela ne va pas durer trop longtemps.
Nous sommes maintenant par le travers des Canaries, bien installés désormais dans le rythme des quarts et cherchons le trou de souris qui devrait nous permettre de nous faufiler entre deux zones de calmes droit vers le Cap Vert.
Une surprise ce matin : pendant la nuit, le pont s'est recouvert de sable venu tout droit du Sahara. Pas de quoi faire des pâtés, bien sûr, mais quand même : partout une fine pellicule de poussière de sable rouge qui recouvre les winchs, les bouts, les poulies et s'insinue un peu partout. »
Denis
Fondation de la Mer