Glisse vers Madère et tactique au cap Finisterre

Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Shamrock V) cavalent toujours en tête de la flotte Méditerranéenne (en temps réel). Funchal n’est plus à qu’à une trentaine d’heures de leur étrave. Deux flottes, deux ambiances : au Cap Finisterre, vents faibles et mer agitée pour départager aujourd’hui les partisans de l’ouest et ceux de la route directe, tandis que trois concurrents se déroutent…

Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Shamrock V) sont attendus demain en fin d’après-midi à Funchal. Ils devraient couper la ligne de cette étape Marseille – Funchal en grands vainqueurs en temps réel. Leurs poursuivants, à 110 milles dans leur sillage, ont enfin pu toucher du vent la nuit dernière, tandis que Luisa et Olivier Lacau (Cinq) et le duo Dominique Sarrazin/Mayeul Barbet (Vega) ont réussi à s’extirper des maudits pièges Gibraltaresques (calmes, courants, trafic, stress et des calmes encore…) : bravo à eux !
Tous vont pouvoir se détendre en glissant désormais vers Madère la douce

Intérieur ou extérieur DST ?
C’est l’éternelle grande question que se sont posés, se posent et se poseront toujours les tacticiens pour doubler le Cap Finisterre… intérieur ou extérieur DST ?
Ces choix ont été faits il y a plusieurs jours déjà. Trois concurrents ont choisi de tracer au plus court depuis leur départ de Lorient : Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses) en tête des solitaires ce matin (depuis le retrait, momentané espérons-le, de Jean-Marc Riebell) et les duos David Alonso/Ramon Junemann (Blue Oscar), Philippe Claude/Frédéric Gautier (Champagne).
Proches de l’orthodromie, ces 3 bateaux-là sont pointés en pôle position de leurs classements respectifs. Mais, à 50 milles dans leur nord-ouest, une meute descend tout schuss vers le sud. Parmi eux, en solitaire : Paolo Mangione (Ciao Ciao), Alexandre Ozon (Sapristi), Jean-François Hamon (Festa Pour Aster), Stéphane Bodin (A40 Archichtectes)… Et en double, on retrouve : Noël Racine/Ludovic Sénéchal (Foggy Dew), Frédéric Nouel/Denis Lazat (Fondation de la mer), Eric Guigné/Tangi Caron( Ose), Jean Laborde/Bastien Laborde (Jib)…

Qui s’en sortira le mieux ? Qui profitera en premier du flux salvateur des alizés ? Réponse sans doute la nuit prochaine…

Vous reprendrez bien un peu de pétole ?
Après la pétole humide et froide du début de course, les concurrents Atlantique ont essuyé un petit front tout aussi humide, comme le raconte Alex Ozon : « le front est venu avec la panoplie complète, vent fort, mer exécrable, et des grains de pluie... Tout est trempé, le bonhomme aussi et l'intérieur de Sapristi aussi... Maintenant c'est parti pour une journée de molle à chercher à faire avancer le bateau avec encore ce résidu de mer pas facile pour les petits bateaux. »
Cette journée de samedi s’annonce effectivement longue et stressante pour les concurrents de la flotte Atlantique : peu de vent et une mer formée. Mais, dès ce soir, ils devraient toucher enfin les alizés portugais !

Place alors à la glisse. Les bateaux les plus récents, taillés pour le portant dans un vent soutenu pourront, notamment, exprimer tout leur potentiel et les marins laisser leurs mauvais souvenirs loin derrière eux, dans le golfe de Gascogne.

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Les mots du large

Jean-Marc Riebell (What Else)
« Bonjour, je me suis rapproché des côtes espagnoles pour annoncer au comité de course mon abandon ce matin à 3h00. Mes problèmes informatiques se sont aggravés, puisqu’au-delà de mon impossibilité de charger des fichiers météo, je n’ai plus d’iridium, ce qui m’interdit toutes communications. Les conditions ne sont désormais plus réunies pour continuer cette course tant attendue dans des conditions raisonnables. Du coup, je fais route vers Gijon, où je vais remédier à ces problèmes. »

Bruno Maerten et Olivier Guillerot (Shamrock V)
« Quelques news après le passage de Gibraltar. Ce fut impressionnant dans la brume et découvrir la côte où les tankers aux derniers moments. Notre sortie du détroit a été une délivrance.

Nos premières 24h en Atlantique ont été au-delà de nos espérances : nous pensions devoir faire face à une zone de molle la nuit dernière, mais rien de tout cela. A priori elle s’était déplacée vers la sortie de Gibraltar. Nous dévalons à plus de 10 nds par un vent de Nord à 25 nds. Tout se passe bien. On gère la fatigue des hommes et les bobos de la bête !
Bonne soirée à vous »
Bruno et Olivier à bord de Shamrock V

Alex Ozon (Sapristi)
« Des news du front...
La Transquadra au mois d'août, c'est le pied... Enfin c'est plutôt les doigts de pieds en éventail !
Vous verrez, soleil, grand beau temps, chapeau, crème solaire, débardeur (pour les Marseillais, même si nous aussi on en met) et surtout embarquez des spis...
Et ben, ça doit être à peu près ça mais si vous prenez tout l'inverse...
Ayayaye... Hier alors que nous avions un peu de soleil, short et petite polaire... C'était sympa... Quand tout à coup, nous voyons le front arriver... Et ben, il est venu avec la panoplie complète : vent fort, mer exécrable, et des grains de pluie... Tout est trempé, le bonhomme aussi et l'intérieur de Sapristi aussi...
N'empêche que, ayé on a passé la zone que je qualifierais de moyennement appréciable et appréciée...
Maintenant c'est parti pour une journée de molle à chercher à faire avancer le bateau avec encore ce résidu de mer pas facile pour les petits bateaux.

Mon début de course n'était pas des plus propres... Trop de tracas perso avant de partir. Maintenant j'ai réussi à être plus concerné et ça va mieux. Il y a des cadors sur l'eau qui ne font pas beaucoup d'erreurs et c'est top à voir. La bagarre fait rage avec Paolo, Jean François, et maintenant mes potes de « Ose » s'y mettent avec nous, ils ont voulu venir voir ce qu'il se passait par là.
Quelques bateaux ont pris l'option intérieur du DST, je pense qu’ils peuvent avoir un trou de souris. Si ça passe c'est le coup de la première étape... À voir, et bon vent à eux !

Sinon à bord j'ai quelques spis... Ça ressemble à quoi au fait un spi ????
Allez, assez bavardé, faut se remettre au taffff...
Après la p’tite toilette quotidienne, lingette sur les yeux le nez les joues et le front... Faut rien gâcher alors ça fini sur le kiki...
Ne surtout pas inverser le sens chronologique de la lingette !!!
Une belle journée se prépare pour nous...
Profitez bien amis terrien
Sapristi qui attend avec impatience de s'exciter le popotin sous spi »

Antoine et Julien Lacombe (Bidibulle) 
« Depuis le passage de Gibraltar nous n’avons plus de concurrents à côté ni visible à l’AIS. 
Le longue traversée Atlantique vers Madère se fait en mode seuls au monde. 
Après 12h d’une pétole digne de Méditerranée on a du vent de côté plutôt fort (surtout la nuit dernière) avec une belle houle croisée d’Atlantique qui fait que le terrain est plutôt chaotique mais par contre sa tartine :-) ! On fait du chemin !
Côté course, les dés sont jetés le premier est tellement loin devant qu’il va gagner, mais pour les places d’honneurs le jeu est très ouvert option sud version option nord…? Conclusion à Madère ! 
Côté bonhommes la fatigue commence à se faire sentir et les nuits agitées commencent à s’additionner, mais on ne lâche rien on vient d’envoyer le code 0 et Julien est à la barre.

A fond les frangins ! »