édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Il l'a fait !!

Alex Ozon (Sapristi) a réussi à revenir sur les « champions » comme il les appelle à juste titre, Noël Racine et Ludovic Sénéchal (Foggy Dew). Ils sont bord à bord depuis la nuit dernière. Après 2700 milles et 13 jours de course, les deux grands leaders des flottes « solitaires » et « double Atlantique » vont batailler sur les derniers milles pour la victoire au scratch ! Impressionnant.

La cadence ralentit un brin à l’approche des îles, ces trois marins – exténués, mais heureux – sans aucun doute, sont attendus vers 15h (heure métropole) sur la ligne d’arrivée.

Quelques mots d’hier soir d’Alex Ozon (Sapristi) qui témoignent si besoin était de son engagement.
« Encore un grain à 34,8kts... j'ai préféré affaler !!! ça va être chaud la fin.
Foggy Dew et moi-même nous faisons malmener par les grains... Perso je n’en sentais pas un, j'ai affalé et il s'est barré !
Mais on sent bien qu'on est la marionnette d'Éole et qu'on fait profil bas.
Encore 3 grains dans la journée, et des vrais, dont un qui a duré 38min à donf mais ce coup-ci j'avais un ris dans la GV et c'est beaucoup moins pire.
Bref, l'exténuation du bonhomme est là, mais c'est loin d'être fini encore. Encore 185 milles pour l'ile Cabri puis le marin arrivera au Marin, trop fort celle-là, mouais mais vu l’état de fatigue c'est déjà du grand art !
Je vous laisse. Je vais essayer de me reposer un peu.
Lili vous fait de gros câlins et commence à s'impatienter »

Nous vous donnons rendez-vous sur la page Facebook de la Transquadra Madère Martinique pour suivre cette arrivée en direct, aux alentours de 15h, nous le repréciserons au fil de l’eau. A tout à l’heure !

______________________________________

 Et quelques mots du large…

Arnaud Vuillemin (Jubilations Corses)
A 2 jours de l'arrivée, nous filons sous spi vers l'ilet Cabrit. Il reste 374 MN à faire. L'Alizé est bien établi mais il est ponctué de grains qui fait varier la vitesse du vent de 15 à 28 nds. Cela explique l'irrégularité de mes vitesses moyennes.
Je ne suis pas loin de ma route directe.
Par rapport à mes camarades de jeu, en temps compensé, Sapristi semble être passé devant Zephyrin. Après pour cette manche, le podium se jouera entre Ciao Ciao et moi. Sachant au général il me doit 8h de la première étape. Mais rien n'est jamais joué avant la ligne.
Donc : à fond tout droit  !!

 

Gérard Quenot et Jérôme Apolda (Blue Skies)
Cette dernière nuit fut celle de tous les extrêmes :
- Le plaisir de franchir le cap des 500 nm, c'est le finish qui se dessine !
- L'effort de l’enchainement des manœuvres, car légèrement au Sud la ligne directe pour arriver en Martinique, nous sommes obligés d'empanner à plusieurs reprises pour nous recentrer.
- Les surprises des grains, excellents accélérateurs du vent, dont nous profitons jusqu'à 28-30knt ; distributeurs de baffes lorsqu'ils dépassent 30 knt (nous avons eu jusqu'à 38knt !) et nous obligent à affaler le spi en catastrophe !
- Le rodéo de la mer, devenu complexe avec la superposition de 2 trains de houle !
Par chance tout notre matériel est intègre ! Nous ferlons les spis par sécurité pour les envois dans la brise et si tout tient, le vent, le bateau, nous arrivons dans 36 heures environ...
Le moral est bon, nous attaquons toujours pour rattraper Blue Oscar... qui est coriace !!!
À très vite,
Gérard & Jérôme

 

Jean-Yves Bonsergent et Paul Codron (Ruban Vert)
26 degrés dans la cabine au réveil… ça fait du bien quand on pense à l’hiver en France. Paul me dit qu’il va faire de plus en plus chaud jusqu’à l’arrivée, il a d’ailleurs opté pour une double protection capillaire (ou ce qu’il en reste). Un bob breton et un chapeau !

Pour ne pas changer, la nuit a été assez agitée. Au coucher du soleil nous avons procédé au changement de spi. On en porte un plus petit et plus costaud pour la nuit. Le vent était ok (20 nds) mais la mer toujours bosselée. On était sur notre autoroute plein vent arrière quand soudain vers 3h du matin UTC, la tête de spi a explosé. Heureusement tenu par les coutures des bordures, il n’a pas chaluté. Vous connaissez maintenant la manœuvre… JY, juste sortie de sa couchette, à l’avant en train de jouer l’équilibriste et Paul au piano. Non, non … ce n’est pas une blague Paul était bien au piano, non pas pour un duo de cabaret mais c’est l’endroit central où se trouve toutes les drisses, hale haut, hale bas etc… Et il faut bien un cerveau d’ingénieur pour jongler dans l’ordre sur tous ses bouts. Bref…. 2ème spi lourd en carafe… ça fait mal car ce sont des voiles bien utiles pour la nuit et ici la nuit dure 12h… On décide alors de mettre le foc en ciseau (du côté opposé à celui de la grand-voile) pour avoir une plus grande surface de traction et à notre surprise compte tenu du vent assez fort, la vitesse ne s’est pas écroulée. Par contre le roulis rendait la tenue de la barre difficile. Et quand ca devient trop difficile, à qui donne-t-on la barre ?.... bien sûr au pilote automatique. On décrète alors que le bateau n’ayant plus besoin de nous, il est temps d’aller se coucher jusqu’au lever du soleil. Une bonne nuit de 6h… extraordinaire en course ! Du coup en pleine forme pour remonter le spi (c’est fait) et repartir reposés pour une belle journée de glissade sous le soleil. J’ai quand même précisé à Paul que nous n’avions plus beaucoup de réserve de spi (encore 3…). Il faut tenir encore jusqu’à la nuit de lundi à mardi. Et oui, nos prévisions nous donnent une arrivée dans la nuit. Un peu dommage 1/ pour le spectacle de l’arrivée, 2/ pour le couvre-feu décrété entre 20h et 6h, 3 / pour les photos à l’arrivée… et surtout 4/ j’étais inscrit pour l’option 3 semaines en mer et là le compte ne va pas y être. Il faudra trouver une compensation… J’y réfléchis.

Inutile de vous dire que le moral est excellent, qu’on mange bien, qu’on dort bien et que les co-skippers jouent bien ensemble sans se disputer. C’est pas beau la vie !

Ah… un dernier truc… On se régale de tous vos petits mots dans les enveloppes que l’on découvre chaque jour. D’ailleurs on a décidé de commencer à en ouvrir 2 par jour pour gérer l’avance sur le timing.

 

Yann Jestin (Vari)
lundi 7
Journée couture pour recoudre le ris du spi lourd, il fait beau ,nouvelle douche sur le pont... quel plaisir
En soirée nous croisons un tanker au nom poétique de "Gun Métal Jack", c'est sans doute un avertissement pour les plaisanciers non équpé d'AIS...
L"année prochaine, il sera probablement rebaptisé GREEN JACK par l'armateur , c'est plus tendance dit le vigneron bio à bord...

Mardi 8
Rupture du mousqueton tilaska neuf du bras de spi, l'autre bras a maintenu le spi sans tangon pendant un bon moment, pas de déchirure ...ouf
Réparation du circuit de distribution éclectique  du watt & sea, cette petite merveille est une micro turbine fixée à l'arrière du bateau.
Quand le vent est soutenu, elle permet de couvrir largement les besoins électriques du bord sans faire tourner le moteur pour alimenter les batteries. 
Le circuit électrique étant dans le compartiment arrière, il a fallu jouer le yogi pour accéder au graal...
C'est connecté...ça fonctionne.... Gros hurlement de joie...j'en profite ! je suis seul à bord!!!
Conditions de mer très cool, le bateau glisse sous 18/20 nœuds de vent
diner en terrasse, risotto, cep poulet...

Mercredi 9
Cette nuit, la piste était très irrégulière, beaucoup de nids de poules, il va falloir vérifier les amortisseurs au retour
Le garçon n'a pas beaucoup dormi
D'après le classement les bateaux se regroupent et je vais peut-être apercevoir d'autres concurrent l’AIS, 4 jours sans aucune autre trace c'est assez long.
Effectivement j'aperçois le signal de mes amis Éric et Tanguy du Sunfast 3600 "OSE", Équipage de fins régatiers de La Rochelle qui mettront la journée pour me rattraper et passeront à moins de 100 m à la tombée du jour...grand moment d'émotion...
Leur participation à la Transquadra permet de recueillir des fonds au profit d'une asso luttant contre la maladie qu'est la neurofibromatose

Jeudi 10
La journée s'annonce tranquille, le bateau filant sous spi lourd un ris par sécurité. Je déferai le ris les 24 dernières heures pour finir.
Mais en fin d'après-midi, le ris lâche et le bas du spi flappe lamentablement, pas de réparation possible, je renvois le spi en grand en croisant les doigts pour qu'il tienne.
2 heures plus tard, c'est la guerre !
Un grain noir comme du charbon arrive... trop tard pour affaler. le vent monte rapidement à 35 noeuds,_ça tient! le bateau fonce à plus de 18 nœuds, le pont est submergé par les vagues d'étrave,  c'est sauvage..
Puis une rafale à 45 noeuds couche le bateau, c'est impressionnant car le spi claque, mais il ne se déchire pas..
Le bateau reste couché plus de 20 minutes, quand je parviens à le relancer une autre claque de 32/35 le couche à nouveau
Puis Vari se redresse! Rien de cassé, j'affale le spi à la vitesse de la lumière le vent retombe à 20/25 nœuds.
Je suis physiquement et mentalement en état de choc, c'était d'une telle violence.
Je règle le bateau pour la nuit et file me coucher directement.

Ce matin de vendredi, le corps est encore douloureux de partout, sans doute le fruit du travail d'escalade du bateau couché pour aller choquer des écoutes, sécuriser les manœuvres.
Encore 48 heures de mer, mais surtout 2 nuits avec d'autres grains ? J'avoue que je suis un peu touché, moins serein qu 'hier...

 

Frédérique Nouel et Denis Lazat (Fondation de la mer)
Tout va bien à bord de Fondation de la Mer.
Après avoir plus ou moins réussi à recoller au paquet, la course a repris ses droits et le bateau s'est enfin mis en mode "glisse".
Sans aucun espoir de pouvoir nous glisser dans le groupe de tête désormais, nous nous contentons de petits plaisirs simples comme remonter le plus possible dans le classement: de la 39ème à la 21ème place pour le moment - mais nous espérons bien en grappiller encore
quelques-unes.
Et puis en scrutant le leaderboard nous avons vu que "Fondation de la Mer" avait été flashé plusieurs fois "bateau le plus rapide de la flotte" sur 24 heures! Yes!
Ces glissades commencent à laisser des traces. Fatigue des marins et usure du matériel. Ou le contraire. Whatever! :-) En attendant un de nos tangons est HS, une manivelle de winch est passée pardessus-bord, et une écoute de spi est allée la rejoindre par 4500 mètres de fond.
Si les journées ont été plus paisibles, le scénario des trois dernières nuits en revanche a pour nous été rigoureusement identique. Cela se passe toujours de la manière suivante:
Nous sommes tranquilles tribord amure pour gagner dans l'ouest. OKLM. Vent régulier établi à 25 nd. Tout va bien. Subrepticement et sans faire de bruit, un grain se pointe sur notre arrière bâbord, le vent tourne à droite de 15 - 20 - 25 degrés, reste stable et tout semble gérable.
Puis il commence à pleuvoir (ben oui, sinon ce n’est pas drôle) survente a 28 -30 nœuds. C'est prévu, le pilote automatique gère toujours, puis ça passe à 35 - 38 nœuds, et là il ne gère plus. Départ au lof. Le pilote récupère une fois mais pas deux.
Et la deuxième fois on est en vrac dans 35 - 38 nœuds. Il n'y a plus de lune sous les nuages noirs qui défilent. Il pleut des cordes, et parce que nous n'avons plus le choix, nous décidons d'affaler le spi en drapeau qui bat dans tous les sens. C'est sportif, un peu trop, par moment.
Résultat : deux marins trempés et exténués qui doivent (encore !) aller plier le spi, trempé lui aussi. Et aller le renvoyer !
La nuit prochaine nous ne nous laisserons pas surprendre une quatrième fois par un grain sournois. Maintenant que la lune éclaire le terrain de jeu, nous le verrons venir !
Denis
A bord de Fondation de la Mer

 

Patrick Morvan et Guillaume Pinta (Team BFR Marée Haute)
Comme je vous écris souvent la nuit et que j'ai une mémoire à  peu près inexistante, j'oublie souvent de vous parler de choses essentielles.
Or donc les concours de poissons volants ne peuvent être éludés vu l'importance de leur fonction.
Ils sont organisés par une association à but non lucratif dont le statut à pour titre : Rien que pour vous faire péter de rire.
Cela parle sur le fondamental de la chose.
C'est une gigantesque organisation : il y a un départ toutes les 30 secondes à  proximité de votre embarcation et une dizaine de plongeons surréalistes environ cinq secondes plus tard.
Plusieurs critères rentrent en compte sur le jugement du phénomène.
La trajectoire du vol : les enchaînements de zigzag comptent pour un maximum de 25 points, 5 points étant affectés à  chaque zig et zag ;
La monstruosité du retour à la mer : de 5 à  25 points
Le temps de vol est noté 50 points pour le plus long : temps et distance sont équivalents car tous les protagonistes volent à la même vitesse comparable à celle du boulet de canon.
Les poissons volants sont très respectueux du coup de canon de départ et ne cherchent pas à  le voler : les sorties de l'eau sont aussi vives que précises et inattendues.
L'association organisatrice est située au milieu de l'atlantique et utilise l'alizé comme seule explosif. Notre route proche des Açores ne nous a pas permis d'être toujours au cœur des festivités. Cela mérite d'y revenir.
Pour ceux qui ne se sentent pas d'aller barboter dans ces parages, internet peut vous offrir une idée de la chose et quelques éclats de rires.
Bonne continuation
G tout seul