édition 2024 - 2025 La Turballe - Marseille - Madère - Martinique

Je n’avais pas envie que ça s’arrête

« C’est déjà fini… j’avoue, j’ai trainé un peu à la fin, je n’avais pas envie que ça s’arrête… » Ann-Pascale Roelandts (La Fauvette) a bouclé sa première transat en solitaire à la barre de son First 31.7 ce mardi après-midi après 17 jours de course. Cette transat, elle l’a faite pour son père. Il lui a appris à naviguer. Il rêvait d’un tour du monde en solitaire et avait tout mis en œuvre pour partir mais, peu de temps avant le jour J, son bateau a pris feu. Son rêve est parti en fumée. Alors, Ann-Pascale a choisi de faire cette transat pour lui. Pour qu’une partie de son rêve à lui prenne forme.

« C’était un bonheur total ! J’étais là pour me faire plaisir. J’ai navigué à mon rythme. Je ne me suis forcée à rien. Si j’étais un peu fatiguée, que je n’avais pas envie de faire telle ou telle manœuvre. Je ne la faisais pas. Parce que j’étais là pour me faire plaisir. »
Elle a quand même fait les ¾ de la course en tête à la barre d’un First 31.7 standard. Mais cela n’avait pas vraiment d’importance…

A l’ancienne
« J’avais les classements, mais style tableau d’affichage ! je n’ai jamais réussi à les mettre sur Sailgrib. Je n’ai donc jamais eu de vue globale de la flotte. Je regardais les milles parcourus, latitude, longitude et je reportais sur ma carte en papier. A l’ancienne. Les classements étaient annexes, j’ai fait ma trace, comme j’avais envie de le faire. Mais j’ai fait des progrès depuis la 1ere étape ! » Entre La Turballe et Funchal, Ann-Pascale avait en effet régaté sans classement, ni fichiers météo…  

J’allais m’amuser avec les grains
« Pour moi ce qui est difficile c’est l’absence de vent. J’adore quand il y a du vent, que c’est dur. J’aime ça !
J’ai beaucoup barré, par plaisir.
C’était drôle parce que dès que je voyais un grain : j’arrêtais tout et j’allais vers lui pour m’amuser avec ! Ce sont devenus mes copains les grains !
Je me disais : ‘’Ouaah ! un p’tit grain : attend moi !’’
Et hop, je faisais une petite session grain ! Je ne pense pas avoir fait quelque chose de classique…
Voilà, c’était bien ! »


J’aime être déconnectée, ça fait partie du jeu
« J’ai juste échangé quelques emails avec Pascal et mon fils. Je ne voulais pas de Starlink, ce ne sont pas mes valeurs. J’aime être déconnectée, ça fait partie du jeu. »

Ça fait un bien fou de réaliser son rêve
« J’ai réalisé mon rêve. Et souvent je me le suis souvent répété pendant la traversée. Ça fait un bien fou de réaliser son rêve. Et je pensais à tous les gens qui ont des rêves, s’ils en ont les moyens, il faut qu’ils les réalisent. C’est tellement bon.
Si j’ai un message à faire passer c’est ça : allez-y ! Trouvez les solutions pour accéder à vos rêves et réalisez-les. Ce n’est que du bonheur ! »

Ça pourrait donner d’autres envies…
Est-ce que cette transat en solitaire a fait naître d’autres rêves ? « On verra bien ! La vie est faite de tellement de choses que l’on verra bien ce qui se passera, mais j’ai vraiment beaucoup aimé. Ça pourrait donner d’autres envies… »

 

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La Fauvette, un rêve de solitaire

Seules trois femmes* ont déjà disputé la Transquadra en solitaire. Pour Ann-Pascale Roelandts cette transat fut pour elle la première en solitaire, malgré son CV nautique long comme un jour sans vent, mais c’est aussi, surtout, une aventure riche de sens.

Pour Ann-Pascale, l’idée de s’engager sur cette transat en solitaire vient en effet de loin… « Je navigue depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé ça. Je suis à fond là-dedans, j’aime être sur l’eau.
C’est mon père qui m’a appris la voile. J’ai beaucoup navigué avec lui. Il avait le rêve de faire un tour du monde en solitaire, sur son bateau. Il naviguait tout le temps, en solo. Dès que je pouvais, je le rejoignais…
Et son bateau a brûlé. Il n’est jamais parti sur son tour du monde.
Or, nous venons d’être obligés de vendre notre maison d’enfance. Un véritable crève-cœur. Je me suis demandé comment je pouvais transformer cela… ? »

En participant à la Transquadra ? Et en donnant ainsi corps au rêve de son père, sur une transat au moins… « Notre maison était rue de la Fauvette, on disait qu’on allait ‘’à la fauvette’’. Je vais donc baptiser mon bateau ‘’Fauvette’’ : et continuer ainsi à aller à la fauvette ! »

Le classement croiseur : le déclencheur
Le projet était là, beau, cohérent, mais le déclencheur fut l’annonce du classement croiseur : financièrement, techniquement, il devenait viable.
« J’ai toujours régaté par plaisir, le résultat sportif est un plus. Le but c’est d’être sur l’eau, avec les amis. En catégorie performance, les bateaux sont hyper optimisés, c’est la perf’ à tous prix… ça ne me tentait vraiment pas. Et puis, c’est un budget. »

Ann-Pascale se trouve alors un First 31.7, « le plus petits des bateaux acceptés par la course en croiseur. Et ça a du sens pour moi de partir sur un bateau d’occasion. Pour la planète, c’est mieux.»