La Fauvette, un rêve de solitaire
Seules deux femmes* ont déjà disputé la Transquadra en solitaire. Ann-Pascale Roelandts sera la 3e. Son mari, Pascal Pic, participera aussi à la 11e édition de cette transat réservée aux marins amateurs de plus de 40 ans, en double, avec leur ami Philippe Berquin.
Alors, ce que cette dynamique quinqua attend de cette Transquadra Madère - Martinique, c’est bien sûr de découvrir le solitaire, une première pour elle malgré un CV nautique long comme un jour sans vent, mais c’est surtout de partager, en famille, une aventure pas comme les autres, qui s’annonce riche et pleine de sens.
Pour Ann-Pascale, l’idée de s’engager sur cette transat en solitaire vient en effet de loin… « Je navigue depuis que je suis toute petite, j’ai toujours aimé ça. Je suis à fond là-dedans, j’aime être sur l’eau.
C’est mon père qui m’a appris la voile. J’ai beaucoup navigué avec lui. Il avait le rêve de faire un tour du monde en solitaire, sur son bateau. Il naviguait tout le temps, en solo. Dès que je pouvais, je le rejoignais…
Et son bateau a brûlé. Il n’est jamais parti sur son tour du monde.
Or, nous venons d’être obligés de vendre notre maison d’enfance. Un véritable crève-cœur. Je me suis demandé comment je pouvais transformer cela… ? »
En participant à la Transquadra ? Et en donnant ainsi corps au rêve de son père, sur une transat au moins… « Notre maison était rue de la Fauvette, on disait qu’on allait ‘’à la fauvette’’. Je vais donc baptiser mon bateau ‘’Fauvette’’ : et continuer ainsi à aller à la fauvette ! »
Le classement croiseur : le déclencheur
Le projet était là, beau, cohérent, mais le déclencheur fut l’annonce du classement croiseur : financièrement, techniquement, il devenait viable.
« J’ai toujours régaté par plaisir, le résultat sportif est un plus. Le but c’est d’être sur l’eau, avec les amis. En catégorie performance, les bateaux sont hyper optimisés, c’est la perf’ à tous prix… ça ne me tentait vraiment pas. Et puis, c’est un budget. »
Ann-Pascale se trouve alors un First 31.7, « le plus petits des bateaux acceptés par la course en croiseur. Et ça a du sens pour moi de partir sur un bateau d’occasion. Pour la planète, c’est mieux. »
Être une femme : oui et alors ?
Quant à être la 3e femme à disputer la Transquadra en solitaire ? C’est la dernière de ses motivations : « Je ne vois pas de différence entre le fait d’être une femme ou un homme. Pour moi, c’est naturel de naviguer. »
Un beau défi familial
Cette Transquadra va, donc, avant tout, être : « un beau défi partagé avec mon mari et notre grand ami Philippe. Ils y participeront, en croiseur, à bord de notre bateau familial, avec lequel nous avons beaucoup navigué (2 transats, 1 année sabbatique avec notre fils…). En Martinique, nous retrouverons notre fille et notre petite-fille…
Nous avons toujours navigué ensemble. Là, ça change et c’est génial ! Heureusement, en revanche, que nous ne sommes pas concurrents ! »
Et le solitaire ?
« Je pense que j’en suis tout à fait capable. D’autres le font, il n’y a donc pas de raison que je n’y arrive pas ! »
* Les deux premières femmes à avoir participé à la Transquadra en solitaire
Christine Lombardi, Suisse, en 2008 sur un Pogo 850
Valérie Antonioni, en 2014, sur un JPK 1010