Les mots du large du 3 février
D’inquiétantes tornades, un succulent petit-déjeuner, du ras-le-bol de la pétole, des chansons… et aussi de jolis mots pour dire leur bonheur d’être sur l’eau : merci les quadrasailors !
(Et merci à Jean Passini et Dominique Dubeau (SNA Numerobis) pour la photo ! )
Frédéric Nouel et Denis Lazat (Fondation de la mer) : tornades à l’horizon…
Tout va bien à bord de Fondation de la Mer.
Nous sommes toujours au sud, mais un sud relatif car Signor Météo a décidé de ne pas nous laisser passer par le grand grand sud. Pas terrible.
Hier nous avons affalé le grand spi que nous portions depuis Madère et nous avons rangé les chapeaux et les crèmes solaires qui étaient de rigueur. Je sais, nous n'en avions pas parlé pour ne pas rendre les autres jaloux. Nous nous sommes battus toute la journée contre des vents
hiératiques qui semblaient n'avoir que deux objectifs : faire mentir les fichiers météo et nous permettre de réviser nos manœuvres de changement de voiles inutiles.
Aujourd'hui pas mieux : nous avons traversé une ligne de grains orageux maussades. Nous avons dû ressortir nos cirés le temps que le bateau soit bien rincé par un orage de belle taille. Et après trois jours de vent chargé de poussière de sable, il en avait bien besoin. Le pont et les bouts ont retrouvé leur couleur d'origine.
La surprise du jour s'est présentée en milieu de journée sous la forme de deux petites tornades sur fond de ciel noir. Dont une n'était pas si petite que cela, d'ailleurs, et soulevait à sa base une mer blanche chargée d'écume peu engageante. Courageux, mais pas téméraires, nous les
avons esquivées en partant à 90% de leur route (et de la nôtre par la même occasion).
Olivier Lunven (Pour Ferdinand) : petit dej royal !
Après une superbe nuit paisible ET efficace voici mon petit déjeuner : œufs au bacon café pain grillé confiture. Ce n’est pas parce que l’on est en course qu’il faut se laisser abattre.
Ce matin c’est plus compliqué niveau vent mais j’ai passé le cap des 2000 miles à parcourir. J’ai eu une petite satisfaction en voyant les classements de ce matin : les nordistes qui sont allés chercher le vent a priori ils ne l’ont pas trouvé. Nous non plus mais sur cette route c’était prévu.
Nous en saurons plus dans 24 h
Bonne journée les terriens.
Pascal Bernede et Eric Chalaux (Pour Aster Bretagne) : Heureux !!
Comme beaucoup de copains autour de nous, nous sommes à la recherche du vent perdu. Nous cherchons à l’horizon, rien, nous cherchons dans les Gribs télécharger à tour de bras d’IridiumGo, pour tenter le filon et gagner quelques places.
Nous n’avons jamais vu une flotte aussi étalée pour traverser l’Atlantique
Des “filles” de Moogli plein sud, les furieux de Bernot au nord-ouest. Nous, plutôt opportuniste défensif on se faufile au grès des risées pour traverser cette dorsale coincée entre deux dépressions. Celle dans notre WNW que nous attendons pour enfin prendre la route directe et cette dépression en fin de vie entre Madère et Canaries, c’est mourir à Venise dans le grand canal Atlantique
Ce matin nous sommes cernés, Mascarpone à tribord, Jokari notre meilleur PhiPhi, à bâbord, quelques bavardages pour réconforter ces solitaires
Hier grand bonheur après trois jours de bonnes brises, réparations en priorité, heureusement tout était réparable, rangement, toilette de l’équipage
Il y a 48 heures nous glissions avec des surfs à 16 nds, maintenant 5 nds nous laissent une impression d’excès de vitesse
C’est une drôle de Transat d’alizés!
L’équipage va bien, heureux d’être sur l’eau comme un grand Oui à la vie
Salut les terriens de notre grand spi qui se dandine avec la mer trop calme
Pascal et Éric
Yann Jestin (Vari) : je mesure ma chance
Le 29 Après un départ trés agréable sous spi, le bateau glisse tranquillement pendant 24 h.
Impossible de charger des fichiers météo.
Le 30 Passage sous spi lourd à 18h, un peu plus tard une rafale à 32 nœuds couche le bateau, et ça commence : cocotte spi et génois, bras de spi dans le safran, drisse de spi coincée à l'affalage. Tout rentre dans l'ordre mais l'équipage (solo) ;-) est fatigué.
le 31 Le vent est toujours assez fort, mais surtout la mer est croisée et soulève l'arrière du bateau en permanence en le déséquilibrant.
Une dent douloureuse en profite pour manifester sa présence, un amalgame perdu... Le Dental kit de la pharmacie du coin (de la cabine !) me permet d'intervenir et de poser un pansement, j'espère qu'il tiendra 2 semaines. Je vais rajouter ça sur mon CV.
Le soir je relance le spi lourd avec un ris. Bonne vitesse pendant 2 heures avec un surf jusqu'à 15 nœuds. Départ à l'abatée un peu plus tard, bateau bloqué avec tout à contre, j'arrive à relancer le bateau et à ré empanner, puis affalage car le vent a encore forci et la mer chaotique. Dans l'abattée j'ai perdu ma ligne de récupération je garde sur l'écran du bateau sa position...un jour j'irai peut-être la récupérer.
Le 1er : Voyant les ennuis des autres bateaux et... les miens, je décide profiter de cette journée pour récupérer et remettre de l'ordre dans le bateau. C'est ma première transat en solo, je voudrais vraiment la finir et me faire plaisir. Les différentes galères m'ont fait prendre conscience que ça peut s'arrêter très vite, le classement passera en seconde position.
Le 2 : envoi du spi très tôt, le bateau marche très bien, puis le vent mollit en fin de journée, et en début de nuit je l'affale déchiré, un des nerfs de chute a dû se prendre dans un mousqueton. Une bonne séance de couture en perspective.
Pendant ce temps, l'écran de l'ordi de bord s'est décollé de son support, atelier collage avant d'aller dormir...
Puis c'est une nuit de pétole la bomme tape en permanence, j'avance à 3/4 nœuds ce qui n'est pas si mal. je vois tellement de copains à 1 ou 2 nœuds.
L'option nord semblait être la bonne, je ne l'ai pas poussé suffisamment à fond.
Il est toujours aussi difficile de charger des fichiers météos.( problèmes informatiques et de satellite,)
5 jours en mer, 5 jours de bonheur malgré les petits bobos du quotidien,.
Le temps semble infini, pas d'infos, pas de parasitage, juste un bateau, la mer et la nature, les conditions de navigation à gérer au mieux, et un petit bonhomme sur VARI essayant de trouver sa juste place.
Je mesure toute la chance de pouvoir participer en solo à cette Transquadra.
Merci aux rouges d'avoir maintenu cette édition. C'était loin d'être évident.
Patrick Morvan et Guillaume Pinta (team BFR Marée Haute)
Hier journée radieuse ...
Un magnifique soleil nous a réchauffés toute la journée : short, crème solaire, lavage des chaussettes (paire unique pour moi), apéro saucisson, vent faible et moussant sous grand spi, dernier bord avec du Nord sur la route, Enamareno tout proche.
Sur notre gauche un ciel gris nuageux, devant et à gauche ciel bleu immaculé : nous contournions l'anticyclone. Que du bonheur...
Nuit paisible et sereine ...
Une très légère brise toute la nuit : sa fraîcheur nous a incités à la passer tous les 2 à l'intérieur.
Dans mes rêves j'entendais ce plus que charmant duo de femmes (Nuit paisible et sereine - vous soupirez, Madame ...) de Béatrice et Benedict de Berlioz.
Et le réveil arriva peut-être parce que le ronronnement de Patrick se faisait mieux entendre. Que de la rêverie ...
Le rougeoiment du ciel avant l'arrivée du soleil, un thé chaud et la joie de vous écrire : c'est tout de même bon de bien dormir.
Nous attendent encore 2 jours de temps calme, naviguant maintenant et jusqu'à l'arrivée sur la route de la Martinique : clignement à babord.
Ensuite un passage de vent musclé, puis du vent bien établi jusqu'à l'arrivée, dans treize jours ...
Ne soyez pas jaloux ...
Bises de Team BFR Marée Haute, notre jolie monture
Jérôme Lesieur (Fantasia XIII) : en chanson !
Un avantage insoupçonné du solitaire, quand on n’a pas d’oreille, c’est que l’on peut chanter très faux, et très fort’ sans embêter personne.
J’en profite depuis deux jours sans limitation, mais sous des modes qui changent.
Hier, mer d’huile, ou plutôt houle d’huile (un leg de ceux du nord ?) dans une option moyenne un peu contrainte après un projet d’arrêt au stand à Tenerife. Hier donc, 400 miles derrière la tête, dans la molle, l’humeur était molle aussi, même déprimante. Musicalement, on était plutôt sur du Léonard Cohen, Stephan Eicher, ou Serge Reggiani (du super pêchu), et assez fort pour couvrir les voiles qui battaient, même si le cœur n’y était pas.
Côté livres, il fallait bien passer le temps, du Houellebecq...
Hier donc rien. A part peut être un coup de barre pour éviter un cachalot qui avait la priorité ( ou pas? Mais je n’étais pas d’humeur à discuter).
Aujourd’hui, le moral et le vent sont revenus. Au près quand même, et toujours 400 miles derrière, on ne peut pas tout avoir. Le programme musico littéraire change également : Exit Houellebecq, swappé avec San Antonio, et côté musique : Deep Purple, Rod Stewart, musique Latinos... toujours aussi faux et fort, mais avec le moral.
PS : musiques pas toutes jeunes’ so itv mais c’est une Transquadra tout de même.
Alex Ozon (Sapristi) : yenamarre !!
J'ai appelé le dépanneur des ventilos et le mec est en congés et personne ne peut le remplacer !!!
Vous rigolez j'espère !
Sinon le cousin du grand-oncle de la sœur de ma meilleure copine connait un cousin d'une belle sœur qui est serrurier !
Euh vous vous foutez de moi ! Au pire envoyez le moi qu'il me dise au moins par quelle porte sortir !
J'essaye tout avec des vents un peu de partout mais faible et le résidu de houle fait que c'est un enfer de faire porter un spi... 6 changements avec A3 3 gybes tout essayer. Le seul endroit où il faudrait que j'aille impossible car quasi plein Q et avec des angles des 120 à 160° bord sur bord c'est injouable... yenamarre !
J'adore être en mer et faire du bato, mais là c'est plus rigolo !
Vite vite Eole revient nous avec tes plus belles qualités, celles pour lesquelles cette course nous fait tant rêver !!!
On t'attends !!!
Sapristi et sa rose attitude !
Éric Tilly et Florent Bouillon (Logodenn) : entre chiens et loups
Les couleurs des levés et coucher du soleil sont plus pâles que par chez nous, le jaune pâle et le gris pâle dominent, le ciel est bleu pâle, et il y a parfois une touche d’orange ou de rose pâle.
Mercredi soir, au coucher du soleil, vers 19h heure locale, la mer s’était bien calmée, le vent aussi, et nous glissions sur l’eau à 5-6 nœuds sous spi, sans bruit. Au loin à l’ouest, au fur et à mesure que la pénombre grandissait, les nuages à l’horizon ont pris des teintes grises, fonçant petit à petit. J’ai alors eu l’impression que l’horizon se rapprochait et que je naviguais sur un lac avec les grands arbres sur les berges en ombre Chinoises, de part et d’autre de l’étrave du bateau. J’allais bientôt accoster entre les arbres et mettre pied à terre, une petite brume rajoutant un peu de mystère au silence.
Mais non il n’y a pas eu d’accostage, et la nuit tombant, les quelques premières étoiles et (enfin!) le premier quartier de lune ont montré le bout de leur nez et repris leur droit, fait disparaître cette impression qui avait bien duré une vingtaine de minutes.